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Sur la Postface « Discours sur la Xénophobie » : le Gabon et ses « étrangers »

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© D.R

Un silure dans la nasse est aussi une alerte sur la montée du tribalisme et de la xénophobie. Pour l’auteur, c’est un devoir de responsabilité historique de dénoncer ces actes que l’on peut regrouper en plusieurs catégories.

La rhétorique xénophobe.

Elle se caractérise notamment par une graduation de la citoyenneté : « Gabonais de souche » par opposition aux « Gabonais sans attache », aux « Néo-Gabonais » ou aux « Gabonais fraîchement naturalisés », etc. Mais aussi par une stigmatisation à partir de son nom Daouda qui n’est pas un nom gabonais ! Cette rhétorique xénophobe connaît un développement sans précédent dans une certaine presse et chez certains hommes politiques.

Les attitudes discriminantes.

Elles définissent les limites que certaines personnes se considérant comme des « vrais gabonais » interdisent aux « Gabonais d’origine étrangère » de franchir. Par exemple, ceux-ci ne doivent pas voter ni accéder à certaines fonctions (je ne parle pas ici de l’accession à la fonction présidentielle, la seule dont les conditions d’accès sont restreintes par la Constitution).

Les actes d’intimidation.

Il ne s’agit plus d’interdire mais d’insulter ou de menacer.

Les actes d’exploitation.

Trichant avec les instances sportives internationales, on utilise des sportifs étrangers que l’on présente comme des Gabonais lorsqu’ils sont en activité pour défendre les couleurs nationales. Une fois retraités, ceux-ci parviennent difficilement à obtenir la nationalité lorsqu’ils le désirent.

Les actes de violence morale et d’escroquerie.

C’est ce que subissent les « étrangers » qui estiment remplir les conditions pour l’obtention de la nationalité gabonaise.

Les actes de violence physique, de pillage et de saccage.

L’auteur rappelle que c’est ce qu’ont subi les Haoussa de Mitzic lors des élections de 2009 mais, avant eux, les Béninois en 1978 et les Camerounais en 1983. Cette classification est le résultat du vécu de l’auteur Patrick Mouguiama Daouda, des témoignages de sa famille, de ses amis, de ses collègues et de ses enseignants. C’est la version de ceux qui subissent des actes de xénophobie. A cet effet, des instruments de mesure devraient être mis en place pour étudier ce phénomène dont le Gabon, certes, n’a pas le monopole. C’est la meilleure manière, pour l’universitaire qu’il est, d’éviter des généralisations abusives (tous les Gabonais ne sont pas xénophobes !) et peut-être de partager les responsabilités (la volonté d’intégration des étrangers par exemple). Comme on est toujours un « étranger pour quelqu’un », il pense que le combat contre la xénophobie est le meilleur moyen de lutter contre le tribalisme. Le refus ou la peur de « l’altérité » n’a pas de limites. La pire des choses serait de nier l’existence du phénomène, même s’il est limité, conclut-il.

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